Des cris, des larmes, claquer des portes, taper sur le sol du supermarché, ou encore s’accrocher au toboggan au moment de quitter le parc… Les crises de colère et les effondrements émotionnels peuvent survenir à l’improviste et pour plusieurs raisons différentes. À la maison, une crise de colère peut être contrariante et en public, elle est généralement embarrassante. Si vous vous demandez comment gérer les crises de colère des tout-petits ou comment les arrêter, il est essentiel de comprendre ce qu’elles sont et pourquoi elles surviennent.
QU’EST-CE QU’UNE CRISE DE COLÈRE ?
Les crises de colère, en général peuvent se terminer presque aussi rapidement qu’elles ont commencé. Certaines ne durent pas plus de 20 secondes, alors qu’une crise de colère extrême peut durer des heures.
Elles peuvent se manifester de la façon suivante :
- l’enfant hurle et crie
- l’enfant pleure ou retient son souffle
- l’enfant se frappe ou frappe les autres
- l’enfant se roule sur le sol
- l’enfant tape des pieds
POURQUOI LES ENFANTS FONT-ILS DES CRISES DE COLÈRE ?
Bien des raisons poussent les enfants à faire des crises de colère… mais une crise constitue pour vous l’occasion d’aider votre enfant à apprendre à gérer ses frustrations et sa colère, et à se calmer par lui-même. Lorsque vous apprenez à arrêter les crises de colère de votre enfant, vous lui donnez des compétences très importantes et vous l’aidez à faire face aux défis de la vie.
La colère peut être une façon de s’exprimer ou encore le symptôme d’un mal-être. C’est le signe que votre enfant est :
- frustré ou confus
- effrayé ou débordé
- fatigué ou ennuyé
- affamé et assoiffé
- furieux
… ou peut-être tout cela à la fois !
La colère se forme en 3 étapes :
- la charge : quand ça monte à l’intérieur, quand on ressent les sensations corporelles liées à l’émotion (gorge sèche, rythme cardiaque qui s’accélère…)
- la tension : on utilise l’énergie de l’émotion dans une action, une parole, un comportement
- la décharge : le moment où l’on pleure, crie, tremble… c’est l’étape qui permet le retour au calme.
Quand on est face à un enfant, il s’agit alors de ne pas empêcher cette 3° étape qui est souvent confondue avec l’émotion elle-même. L’enfant a besoin de se décharger pour ne pas rester en tension. Comme cette tension n’est plus utile, elle doit pouvoir sortir du corps en s’extériorisant. La colère est réparatrice.
C’est déroutant, mais c’est une étape nécessaire pour que l’enfant se construise et teste les limites.
Ces colères nous exaspèrent
Quand les colères des enfants nous exaspèrent ou réveillent de la violence en nous, plusieurs hypothèses sont possibles :
- Nous sommes fatigués, épuisés, au bout du rouleau, au bord du Burn out parental
- Nos émotions sont en compétition avec celles de l’enfant, on réagit sur le même registre (colère/colère)
- L’émotion de l’enfant s’exprime de manière disproportionnée, il exagère, il nous provoque, il fait exprès pour nous énerver
- C’est une émotion que nous n’acceptons pas (violence, cris, casse, jette, se roule à terre, crise de nerfs). Cela nous rappelle des souvenirs douloureux de notre propre enfance que nous ne voulons pas revivre
Comment réagir face à une colère ?
Tous les humains ont les mêmes émotions quel que soit leur âge, mais les adultes ont un cerveau à maturité et vécu des expériences qui leur permettent (en théorie) de réguler les émotions et de tempérer les réactions émotionnelles. Certains ne contrôlent pas leurs émotions (troubles, passage à l’acte : violence, etc…).
Un enfant a un cerveau en construction, c’est pourquoi, quand il vit une émotion, elle envahit tout son corps ! Il n’est pas en mesure de prendre du recul, ni de se poser des questions sur la raison de son émotion.
Le rôle des parents est non seulement d’accueillir les émotions mais aussi d’aider à « muscler » leur cerveau en leur donnant des compétences émotionnelles.
A/ Avant la colère
- Anticiper les moments problématiques pour les éviter (ex : courses, téléphone, etc.…)
- Proposer une activité pour détourner son attention et susciter sa motivation
- L’aider à savoir quand la colère monte (la charge) afin de lui proposer des moments pour décharger sans violence, lui indiquer quand ça monte puis petit à petit il va pouvoir lui-même gérer et anticiper ce moment : l’autoriser à sortir courir, sauter, crier, taper dans un ballon, un punchingball, un cousin de la colère qu’il peut frapper, mordre, crier dedans ou au contraire, se relaxer (inspirations et expirations profondes, relaxation et méditation pour les petits avec La petite grenouille)
- Si possible, faire un câlin, des massages conduit à une sensation d’apaisement et de bien-être quasi immédiat puisque le cerveau produit de l’ocytocine qui est appelée hormone du bonheur.
B/ Pendant la colère
Pour aider un petit envahi par une émotion, il faut savoir quel est le registre sensoriel de l’enfant. Est-il plutôt auditif ? Tactile ? Visuel ? Olfactif ?
La réponse sera donc différente selon le système émotionnel du petit. S’il est auditif, une parole réconfortante sera la bienvenue ; s’il est tactile, il aura besoin d’être touché ; s’il est visuel, il faudra se mette dans son champ de vision… Souvent, l’adulte part de son propre registre pour réagir. Or, cela risque de ne pas fonctionner ! Parler à un enfant qui est tactile par exemple, n’aura pas l’effet escompté.
Repérer le registre sensoriel de l’enfant est déjà un premier point.
Il n’y a pas une « recette » qui fonctionne sur tous les enfants. Beaucoup de paramètres entrent en compte pour les aider à accueillir une émotion. Outre le registre émotionnel, il y a les tempéraments, les âges, etc……
Il faut donc pas adopter son attitude en fonction de ces paramètres.
1/ Ne pas être dans le même registre (ce n’est pas un match, ni un combat), ne pas crier et tenter de rester calme, ne pas menacer, ne pas imposer
2/ L’ignorer tant qu’il ne se met pas en danger, ni les autres (violence)
3/ Accueillir non verbalement, par le regard, en étant présent.
4/ Essayer de prendre l’enfant dans vos bras sans le forcer mais proposer un câlin.
5/ Accepter qu’il pleure, crie et mettre des mots sur le ressenti en vous plaçant à sa hauteur : « Je vois que tu es en colère, je comprends, tu as le droit mais tu ne peux pas être violent, »
6/ Lui permettre de s’isoler mais sous surveillance
7/ L’autoriser à crier, sauter, taper dans un ballon avec lui, un cousin de la colère qu’il peut frapper, mordre, crier dedans
8/ Permettez à l’émotion d’aller jusqu’à sa résolution.
9/ Faciliter le retour au calme (bouteille de retour au calme)
C/ Après la colère :
Quand le calme est revenu
- Avoir une écoute bienveillante et verbaliser mais sans reproches, « je comprends que tu étais en colère parce que… mais comment aurais-tu pu faire autrement, lui donner des exemples de la gestion de vos propres émotions. Eviter de poser la question : pourquoi ?
- Exprimer aussi vos émotions, votre ressenti (voici ce que cela me fait : incompréhension, colère, tristesse, énervement, etc…)
- L’aider à exprimer ses émotions par la parole ou le dessin.
Les enfants qui font des colères sont souvent hypersensibles pour les aider à exprimer, contrôler et gérer leurs émotions se mettre en scène, faire du théâtre, littérature de jeunesse.
Les limites pour bien grandir
Un enfant n’a spontanément aucune limite. Il ne recherche que sa propre satisfaction. Il est dans la logique des pulsions et de toujours en vouloir plus. C’est normal : il cherche ses limites, celles que les parents doivent lui imposer pour lui permettre de se structurer, de cohabiter plus tard en société en respectant les règles. Pour cela, l’enfant va devoir apprendre à respecter des interdits fixés par les parents. Un cadre clair, cohérent, constant est rassurant et sécurisant pour l’enfant.
L’amour n’exclut pas les règles à respecter.
NON ! Dire « non » à son enfant, ne révèle pas un manque d’amour. Bien au contraire ! Votre enfant doit comprendre qu’un « non », formulé de façon rigoureuse, juste et expliqué.